La Mer

En 1928, trois ans avant Les Vagues, Virginia Woolf expérimentait une autre forme narrative inédite avec Orlando. Cette biographie imaginaire et rocambolesque d’un poète anglais vivant du temps d’Élisabeth Ire à 1928 brosse l’histoire de la littérature anglaise mais s’interroge également sur l’identité sexuelle, puisqu’un matin Orlando se réveille femme. Dans son opéra, créé en 2019 à l’Opéra de Vienne, non sans un parfum de scandale, Neuwirth étend la vie d’Orlando jusqu’à notre époque, scrutant l’aliénation à la technologie, le consumérisme de masse, la fluidité du sexe et du genre, tout en signant un manifeste féministe. De Bach et des luthistes anglais au cabaret, à la musique punk et à la musique électronique, la partition est un voyage dans le temps unifié sous la plume de Neuwirth. De cet ouvrage foisonnant, la compositrice tire aujourd’hui une suite orchestrale intitulée Dreydl, elle sera sa première création pour l’ONL. La tâche sera plus complexe pour elle que pour Richard Strauss, qui n’eut qu’à assembler les quatre interludes de sa «comédie bourgeoise» Intermezzo pour la transformer en une pièce symphonique. La Mer, somptueuse aventure orchestrale qui valut à Debussy son qualificatif de «compositeur impressionniste», vient enfin rappeler le rang fondamental que le répertoire français occupe dans le cœur de Nikolaj Szeps-Znaider et dans son projet à la tête de l’ONL.

Richard Strauss, Quatre Interludes symphoniques d’Intermezzo
Olga Neuwirth, Dreydl (création mondiale)
Claude Debussy, La Mer, trois esquisses symphoniques

Orchestre national de Lyon
Nikolaj Szeps-Znaider, direction